MONTRÉAL, le 5 juin 2020 – Alors que le ministre du Travail exige aux syndicats de la construction d’effectuer un maraudage sanitaire, la CSN-Construction dénonce un mécanisme de votation archaïque qui ne permet pas entre-autres aux travailleurs et travailleuses de la construction en région éloignée de voter adéquatement ou d’avoir accès à leur bulletin de vote. La COVID-19 ne fait que renforcer une revendication de longue date de la CSN-Construction : instaurer le vote électronique.
« Seulement au chantier hydroélectrique de la Romaine, sur la Côte-Nord, environ 180 travailleurs et travailleuses de la construction sont brimés dans leur droit de vote, car leur bulletin de vote est envoyé à leur domicile. Même si le travailleur ou la travailleuse demande un réacheminement de son bulletin de vote, le système de votation est tellement désuet qu’il est impossible de respecter les délais. Les droits de vote et d’association sont fondamentaux. Il est temps que les choses changent! », dénonce Jean-Luc Deveaux, vice-président du secteur génie civil et voirie de la CSN-Construction.
Les travailleurs et travailleuses de la construction en région éloignée effectuent des quarts de travail 21-10 ou 28-14, c’est-à-dire qu’ils travaillent 21 ou 28 jours consécutifs et sont en congé 10 ou 14 jours. En raison de la quarantaine qui sévit actuellement, ceux qui vivent dans une autre région et qui retournent chez eux pendant 10 jours peuvent perdre quatre jours de travail. À leur retour sur le chantier, ils doivent subir des directives sanitaires encore plus strictes pendant 14 jours. Pour ces raisons, certains ne retournent pas chez eux. Au-delà des travailleurs de la Romaine, d’autres sont aussi touchés, notamment à la Baie-James.
Où est l’effort du gouvernement et de la CCQ?
La CSN-Construction a tout mis en œuvre pour respecter les directives sanitaires durant la période de maraudage. Toutefois, il aurait été souhaitable que le gouvernement fasse sa part en abrogeant le règlement qui aurait permis à la Commission de la construction du Québec (CCQ) de s’adapter au contexte de la pandémie.
Obstacles au vote en période de pandémie :
– Fournir une photocopie d’une pièce d’identité : cela oblige le travailleur à se rendre à un centre de photocopies s’il n’a pas d’imprimante à domicile;
– Voter par la poste : trouver un bureau de poste ou une boîte aux lettres n’est pas toujours simple en région;
– Acheminer tous les votes au bureau de la CCQ à Montréal, peu importe où habite le travailleur (Îles-de-Madeleine, Abitibi-Témiscamingue, etc.).
« Alors que Postes Canada fait face à des retards de livraison, la CCQ ne peut même pas accepter les bulletins étampés par la poste AVANT le 20 juin; tout bulletin reçu APRÈS le 20 juin sera refusé. Où sont la flexibilité et la modernité dans cette période de pandémie? », déplore le président de la CSN-Construction, Pierre Brassard.
Depuis des années, la CSN-Construction milite pour un vote électronique lors du maraudage. Elle le réclame aussi dans le prochain protocole de négociation. La CSN-Construction a elle-même instauré le vote électronique en février dernier lors de son congrès; les plus grandes organisations devraient donc être en mesure d’emboîter le pas. Le système de votation est tellement anachronique durant le maraudage qu’il présume même que les travailleurs qui ne votent pas souhaitent rester avec leur syndicat.